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A.M.CASSANDRE PAR ROLAND MOURON

INTRODUCTION

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Adolphe Jean-Marie Mouron est le plus grand graphiste de l’entre-deux guerres; un génie créatif au surnom prophétique qui a laissé une empreinte indélébile sur son époque : Cassandre.

 

Tour à tour affichiste, typographe, décorateur ou peintre, il a révolutionné la publicité en instaurant un dialogue entre l’art et le public.  Jusqu’à ce que son perfectionnisme maladif ne l’entraîne dans une chute fatale.

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Saisissant mieux que quiconque l’esprit de son temps, Cassandre a emprunté aussi bien à la photographie qu’au cinéma pour réussir à synthétiser tous les mouvements artistiques de son époque : avant-gardistes, en écho au manifeste futuriste du début du siècle, purisme, cubisme et surréalisme ont influencé sa création.

Ses compositions épurées ont magistralement magnifié les objets tandis que ses personnages prenaient la forme de silhouettes stylisées. Puis troquant l’équerre pour le compas et les couleurs pures pour une palette plus douce, l’artiste est parvenu à se réinventer en proposant une poésie de l’image plus sensuelle, voire humoristique.

Fervent animateur de la vie moderne, premier metteur en scène de la rue selon Blaise Cendrars, Cassandre a célébré dès le début de sa carrière la publicité comme « la fleur de la vie contemporaine  ». Dans un monde en pleine accélération, où la voiture à cheval laissait rapidement place à la voiture à moteur, il fut l’un des premiers artistes-théoriciens de la communication visuelle. Alors que le public ne disposait plus que d’un temps de lecture considérablement réduit, il a révolutionné l’art de la publicité en lui insufflant une puissance d’appel brutale pour capter immédiatement l’attention tout en s’adaptant aux nouveaux paysages urbains issus de la sortie de la Grande Guerre.

Dans une ville de plus en plus industrialisée et mécanisée, Cassandre a imaginé que l’affiche pouvait être partie prenante des masses architecturales et lui a assigné la fonction de meubler les façades de plus en plus étendues et d’animer des quartiers entiers tout en proposant un véritable spectacle visuel.

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L'oeuvre de Cassandre se veut un tableau inédit de notre rapport à l’art du quotidien qu’est la publicité. Un art qui 100 ans après Cassandre, à l’heure du « scroll », du « swipe » et du « clic » n’en finit pas de s’immiscer dans nos vies , et qu’il s’agit de déconstruire pour mieux se l’approprier.

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A.M.C. VISIONNAIRE (1921-1934)- ACTE 1

Après avoir fait ses premières armes sur les planches des académies de dessin parisiennes, Cassandre décide de se consacrer à l’art qui lui semble le plus prometteur : la publicité. Très vite, il parvient à théoriser sa démarche et dès 1925, sa première création fait de lui un homme célèbre. Synthétisant les principaux courants avant-gardistes de l’époque, ses travaux célèbrent l’air du temps. Célébré comme un génial inventeur, Cassandre devient une figure incontournable du monde de l’affiche et accède à la notoriété

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A.M.C. EN HAUT DE L'AFFICHE (1935-1938) - ACTE 2

En 1936, alors à l’apogée de son art, Cassandre réalise un tour de maître en réalisant son chef-d’œuvre: le Normandie. Sa renommée est telle qu’il est invité à travailler aux Etats-Unis. Célébré comme l’incarnation de l’affichisme des temps modernes, au même titre que les grands noms du cubisme, il fait l’objet d’une exposition au MoMa. Bientôt, Ford le géant automobile lui commande une affiche. Toutefois, si cette création est l’une des plus impressionnantes de son époque, elle se solde par un échec commercial cuisant.

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A.M.C. TRAGEDIE GRAPHIQUE (1939-1968) - ACTE 3

De retour en France, désabusé par le monde de la publicité, Cassandre entreprend alors de faire face à son démon de toujours et se tourne vers la peinture de chevalet. Mais ses créations picturales ne suscitent pas l’engouement escompté et la dépression prend le dessus. Gagné par l’amertume,  aux prises avec une quête de perfection maladive, sa production d’affiches se raréfie. Devenu incapable de s’exprimer artistiquement, il met fin à ses jours. Un suicide magistralement exécuté, à l’image du perfectionnisme qui a hanté toute sa vie.

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© ROLAND MOURON - AM.CASSANDRE

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